Ballets de Monte-Carlo → Ines Reddah

20.12.2023
23.12.2023
Ballets de Monte-Carlo → Ines Reddah
©Hans Gerritsen

Le chorégraphe Jean-Christophe Maillot a travaillé avec Ines Reddah pour sa recréation de L’Enfant et les sortilèges avec le Ballet de Monte-Carlo. Lors de la première, les images animées de l’artiste, projetées sur une scénographie abstraite, ont été applaudies par les cent quarante personnes présentes sur scène.

Un conte

C’est presque un conte contemporain.

En 1992, Jean-Christophe Maillot livre entant que chorégraphe une première version de L’enfant et les sortilèges avec la Compagnie des Ballets de Monaco. Une création qui prend rétrospectivement la forme d’une « sorte d’audition »* pour lui, puisqu’immédiatement après, il se voit confier les rênes des Ballets.

Trente ans plus tard, toujours directeur de la Compagnie, il souhaite proposer une nouvelle création de l’oratorio. Il fait appel à Loïc Van der Heyden et Justine Cornillie pour animer les images d’un artiste dont les dessins, projetées sur la scénographie, constitueront le décor de l’œuvre.Les deux vidéastes, admiratifs du travail du Créahmbxl et amoureux des dessins d’Ines Reddah, proposent son travail, qui est accepté. Une immense fierté pour le Créahmbxl qui voit de plus en plus les artistes qui fréquentent ses ateliers être sélectionnés pour des projets sur leur qualité plastique, sans que le handicap soit un sujet.

Une recréation

Pour sa recréation de 2023, Jean-Christophe Maillot a le désir d’adapter l’oratorio ou l’opéra (les avis divergent) composé par Maurice Ravel sur un livret de Colette au monde actuel. Dans ce spectacle, il va souligner sa dimension onirique et l’humour de l’œuvre au travers notamment des costumes, du jeu de l’interprète principale et des dessins projetés sur la structure scénographique de Jérôme Kaplan.

L’argument du livret de Colette souligne le caprice de l’Enfant, sa méchanceté, mais aussi sa faculté d’habiter un monde aux objets animés, qui interagissent avec lui, le tirant vers un imaginaire anglo-saxon d’animaux et de théière qui parlent.

« Un jeune enfant de sept ans, mécontent d'avoir à faire ses devoirs, se fait gronder par sa mère. Saisi d'un accès de colère, il s'en prend aux objets autour de lui : la théière, la bouilloire, un livre,l'horloge, dans une furie de destruction. Se produisent alors des évènements fantastiques : les objets s'animent, les animaux se mettent à parler, et tous complotent une revanche. »

Un travail d’atelier

Les dessins attendus par le scénographe et les vidéastes ont pour vocation de concrétiser l’imaginaire de Colette et de l’Enfant sur scène. Il y a là de la fantaisie, une liberté enfantine, une approche singulière du monde inanimé, sans sérieux, mais sans infantilisation.

La première commande des Ballets porte sur une dizaine de dessins et constitue un défi. En effet, l’univers d’Ines Reddah est exclusivement constitué de personnages. Il s’agit que l’artiste trouve la clef pour accorder son envie de créer à un univers d’objets inanimés.

Gaëlle Leroy, artiste animatrice, accompagne pas à pas la création pour les Ballets. Elle veille au respect des sources d’inspiration proposées : croquis du scénographe pour les Bonhommes chiffres, toile de Jouy en citation esthétique reconnaissable pour le personnage de la bergère… Elle élargit également la palette d’Ines Reddah afin qu’elle ne se réduise pas à un spectre de couleurs trop réduit.

Au total, une douzaine d’ateliers sont nécessaires pour produire les dix, puis, étant donné l’enthousiasme manifesté, les quinze dessins supplémentaires demandés, qui constituent une réserve pour les professionnels : tous ne seront pas utilisés. Ines Reddah imprime son imaginaire et sa fantaisie à la commande, qui s’envole loin de l’utilitaire ou du prosaïque.

Quel effet ça fait, après ce travail à table, de découvrir les dessins animés et projetés dans une salle de cette qualité ?« C’était exceptionnel, » affirme Gaëlle Leroy. « Pour la représentation de la forêt, nous avons vu descendre des lamelles de différentes hauteurs des cintres. La projection démultipliée de l’arbre d’Inès sur ce support frémissant donnait une forêt de toute beauté. »

Alors qu'Ines Reddah a eu la surprise, arrivant dans les loges pour rencontrer les interprètes, d'être chaleureusement applaudie par deux cent quarante professionnels enthousiastes.

Informations pratiques

Création : 19.12.2023

Représentations : 20 > 23.12.2023

Salle des Princes
Grimaldi Forum,
Monaco

Partenaires
No items found.